12.4.13

No Format : Sorcellerie au Stéréolux.

Exigeant mais pas radical, différent mais pas snob, le label No Format développe depuis 8 ans un catalogue riche, ouvert et éminemment poétique.
Jeudi 11 Avril se tenait au Stéréolux de Nantes une soirée du label. A l'affiche : Mélissa Laveaux, Nicolas Repac et Misja Fitzgerald Michel. Si les trois artistes sont différents dans l'esthétique, la programmation fait sens et rend echo au catalogue maison. Excusez du peu : Gonzales, Rocé, Vincent Segal, Mamani Keïta, Ballaké Sissoko, j'en passe. Le mieux étant d'aller les visiter ici. Une seule pensée en tête en ressortant des concerts : pourrait-on avoir une soirée de 48h non-stop avec tous les artistes du catalogue ?

C'est Misja Fitzgerald Michel qui ouvre le bal. Seul en scène avec ses guitares acoustiques, ce musicien de formation jazz s'est mis en tête de revisiter le catalogue de Nick Drake ce héros. Plutôt que de reproduire à l'identique les mélodies originelles, le guitariste réarrange intégralement les morceaux en malaxant harmonies vocales et  arrangements de cordes et cuivres. Pas facile de rendre justice aux compositions de l'anglais sans chanter et pourtant il en ressort quelque chose d'intense et suffisamment original pour apprécier la découverte. Sa façon de présenter Nick Drake est également assez drôle pour le souligner. ("Il existait un enregistrement de la BBC. Il a malheureusement été effacé. Mais dans you tube vous pouvez trouver UNE vidéo de Nick Drake vivant. Elle dure 10 secondes et il est de dos"). Et c'est vrai.

       

Vient ensuite Nicolas Repac. Apparu sur notre radar musical en 1996 (euh, 17 ans, déjà)  aux côtés d'Arthur H, il y faisait des miracles sur scène et en studio en participant à la trilogie magique du chanteur français (Trouble-Fête, Madame X et Négresse Blanche). Si les deux artistes collaborent toujours (L'or Noir), Nicolas Repac est ici pour présenter son nouveau projet, Black Box. L'album rend hommage au blues à travers un voyage total : Afrique, Amérique, Serbie, Haiti. A travers une mise en scène particulièrement habile (une cage qui l'entoure, cage qui s'ouvre en cours de route), le guitariste propose un voyage franchement enthousiasmant. Assis entouré de pédales d'effets, ordinateur, machines, percussions, flutes africaines, Repac fait vivre ses morceaux tel un sorcier moderne. Les vidéos projetés sont à la fois simples, subtiles et ultra-pensées. Le recours à la vidéo peut parfois rendre perplexe lorsqu'elles ne sont qu'accumulations d'images sans aucun sens. Ici il n'en est rien. C'est beau, vivant, les voix blues s'élèvent au milieu d'arpèges sombres et chaloupés, c'est une petite claque sonore et visuelle.  Le musicien est simple, élégant, magnétique. Le public à n'en pas douter est sous le charme, les applaudissements soutenus. Une réussite totale, on aurait aimé que cela dure des heures (ce final ou sa "cage" se remplit d'eau ... magique), courez-y !

       

Pour clore le bal, une chanteuse dont on a déjà parlé par ici : Melissa Laveaux. De retour avec un deuxième album moins folk, elle a voulu orienter sa musique vers quelque chose de plus rythmique. Si la marge de progression est à la hauteur de son talent, c'est à dire énorme, le pari est quasiment gagné. J'en veux pour preuve son single Postman qui a d'ores et déjà sa place dans les morceaux de l'année.

       

Sur scène, Melissa se présente accompagné d'un tout nouveau groupe qui défie les lois de la parité. La section rythmique est féminine, les claviers et guitares sont assurés par ces messieurs. La quasi-intégralité du nouvel album défile (exception de Move On que j'aurais beaucoup aimé entendre). Certains morceaux sont clairement taillés pour la scène (Postman évidemment, Hash Pipe, Pretty Girls). Dans l'ensemble on sent une formation pleine de potentiel, mais qui a besoin de tourner pour complètement se trouver et se lacher (c'est le début de la tournée si j'ai bien suivi). Ainsi certaines chansons mériteraient un brin de folie, un lacher prise déterminant : Triggers évoque un je ne sais quoi entre blues du désert et pop résolument moderne, une sauvagerie qui ne demanderait qu'a exploser sur la durée. Mention spéciale à Anne Pacéo à la batterie (très à l'aise dans les grooves afro), aux lignes de basse à la Cure (Sweet Wood, pas loin de Metronomy) et à la voix de Mélissa, à la fois touchante et puissante malgré un mix qui la mettait légèrement en retrait. 

En bref, No Format, un label qui a la classe et qui vous met des images plein la tête !

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