19.8.10

JAMIE LIDELL : des robots, de la soul et des multiplications.

A l'occasion de la sortie de son nouvel album Compass, retour sur 10 ans de carrière de l'anglais, fou chantant d'un autre genre.
Performer incroyable, chanteur cascadeur, Le type est surtout un mec libre qui a toujours suivi son instinct. Qu'il soit seul en scène avec ses machines ou (toujours) bien entouré (Gonzales, Beck, Feist, Grizzly Bear entre autres), Jamie Lidell aura traversé les années 2000 souvent avec classe, légereté , parfois avec bizarrerie ...
Ainsi sur un premier album très electronique il se permet un sacré grand écart. Le disque s'ouvre sur Daddy's Car, instru torturée, sombre et terriblement sexy, à écouter au casque pour en saisir toute les ambiances et la profondeur du son. Prince et Aphex Twin ne sont pas bien loin ...



Si le disque n'est pas des plus faciles à digérer il permet à Lidell de se familiariser avec ses machines, s'assumer en tant que chanteur bidouilleur et poser les bases d'un son toujours organique, qu'il soit joué ou programmé. Le morceau de cloture porte en lui tout ce qui fera le succès de Jamie : des vocalises très soul dans un état d'esprit proche de l'Ohio, c'est à dire complètement barjot ... Après avoir forniqué à l'arrière de la voiture de papa, il est temps en effet de rappeler que le paternel ne rigole pas ... le doo woop de l'an 2000, pour sur !

Daddy don't tell no lies (reprise de SunRa).

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En 2005 sort Multiply. Le single éponyme sera probablement son plus gros succès.  L'occasion de repartir sur scène, notamment avec les copains pour une version absolument jouissive du morceau. Accompagné de Gonzales, Feist et Mocky, le groupe délivre une version bluffante et soul d'un morceau désormais classique de sa discographie. 



Fort de ce succès, le bonhomme décide d'enfoncer le clou : après avoir taquiné un funk sci-fi et développé un aspect plus crooner, c'est décidé il sera un Otis Redding des temps modernes ... Il publie alors Jim, auberge espagnole soul finalement très sage et un peu trop porté sur la paillette. Son disque tout le monde il est beau tout le monde il est gentil. en somme. Ok, mais Jamie n'est finalement jamais aussi bon que lorsqu'il décide de faire le foufou. On le retrouve ici dans le studio de Nigel Godrich (Radiohead) dans le cadre des sessions From The Basement : en un peu plus de 6 minutes et tout seul, Jamie Lidell nous raconte l'histoire d'une ville, de sa ville, celle qui l'opresse. Un sacré voyage à travers les filtres, et voix samplées. Un énorme savoir faire doublé de générosité qui rend le tout très fluide et chaud.



Nous voila en 2010 pour la sortie de son album le plus abouti, car le plus complet : COMPASS. Produit en partie par lui-même, Beck et Chris Taylor de Grizzly Bear, l'album est la synthèse la plus totale de son parcours : envolées vocales, grooves chaleureux (merci entre autre à James Gadson, illustre batteur de Bill Withers), traitement electro barrés, on sent un artiste peut être libre comme jamais, cherchant à se renouveler avec sincerité et un soupcon de séduction : folk intimiste, pop de l'espace , zouk, complainte heavy blues, tout y passe en toute simplicité ...



Pour conclure, un morceau méconnu, R2D2, complainte d'un robot esseulé victime du monde moderne .. Wall-E avant l'heure. Produit  par ARK, autre fou notoire spécialiste d'une électro minimale, on imaginerait volontiers André 3000 et Kraftwerk derrière les manettes ...

ARK Feat Jamie Lidell - R2D2

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1 commentaire:

Cordélia a dit…

Je tiens à dire que j'ai remarqué l'état d'esprit proche de l'Ohio. :)